Revue d'études proustiennes (Sammelband)

Proust et la philosophie : Regards de la critique allemande


Allgemeine Angaben

Herausgeber

Uta FeltenVolker Roloff

Verlag
Classiques Garnier
Stadt
Paris
Publikationsdatum
2019
Reihe
2019 - 1, no. 9
Weiterführender Link
https://classiques-garnier.com/revue-d-etudes-proustiennes-2019-1-n-9-proust-et-la-philosophie-regards-de-la-critique-allemande-en.html
ISBN
978-2406092551 ( im KVK suchen )
Thematik nach Sprachen
Französisch
Disziplin(en)
Literaturwissenschaft
Schlagwörter
Philosophie, Moralistik, Proust, Felten, Roloff

Exposé

Si on peut parler d’une spécificité du regard des proustiens allemands au sujet de Proust et la philosophie celle-ci réside sûrement dans la fascination pour les philosophes français de l’école des moralistes tels que François de La Rochefoucauld, Jean de La Bruyère, Blaise Pascal et naturellement son fondateur discursif : Michel de Montaigne – une fascination qui s’inscrit dans la tradition de Friedrich Nietzsche qui avait nommé La Rochefoucauld et les moralistes des maîtres de l’examen de l’âme humain et « des excellents tireurs à l’arc qui frappent en plein dans le mille de la nature humaine » (Schützen, welche immer und immer wieder ins Schwarze treffen, – aber ins Schwarze der menschlichen Natur). Maître de l’examen de l’âme : voilà aussi une dénomination exacte de Proust philosophe et observateur de la nature humaine qui fait de son personnage Saint-Loup un lecteur passionné de Nietzsche.
Ce n’est donc pas par hasard que le présent volume réunit trois articles qui se dédient à l’étude de la relation entre l’œuvre proustienne et la tradition de la philosophie moraliste, comme par exemple les recherches de Rainer Warning sur « Proust et la pensée moraliste » qui datent de l’année 1994, l’année du symposium « Proust und die Philosophie » organisé par Volker Roloff et Ursula Link-Heer à Bonn au nom de l’Association Marcel Proust allemande (Marcel Proust Gesellschaft). Les articles de Karin Schulz et Uta Felten complètent ces réflexions sur l’héritage philosophique des moralistes en mettant en relief l’actualité de la pensée de Proust. Tandis que la contribution d’Uta Felten montre le lien étroit entre les positions de la philosophie deleuzienne et l’anthropologie négative des moralistes qui s’inscrit dans la pensée proustienne, Karin Schulz regarde de plus près la culture des salons pour illustrer comment Proust « se détache d’une constatation négative du caractère immuable de l’amour-propre pour la surmonter en renforçant la capacité d’individu à imposer la raison et la prise de conscience personnelle ».
Néanmoins, la fascination des romanistes allemands ne s’arrête pas devant la philosophie moraliste, comme en témoigne le nombre d’articles qui se consacrent à l’étude de philosophes couvrant un large éventail d’approches théoriques, de la théorie kantienne du sublime à Henri Bergson ou Maurice Merleau-Ponty en passant par la pensée poststructuraliste. Un premier aperçu de la diversité de la philosophie du xixe
et du xxe siècle est donc fourni par Ursula Link-Heer et Volker Roloff qui s’intéressent non seulement aux « racines de Proust dans la philosophie du xixe» et du xxe siècle mais aussi à ce que Proust nous donne à réfléchir, aux recherches philosophiques et esthétiques que son œuvre stimule auprès du lecteur. À une telle recherche se dévoue Manfred Schneider qui pose son regard sur les subtiles évocations de la pensée kantienne afin de reconstituer ce moment de «la révolution kantienne» si décisif pour la trajectoire littéraire du protagoniste et, par là, suit les traces d’une esthétique du sublime chez Proust. Dans leur étude sur la «mémoire affective» Irene Albers et Philipp Engel soulignent à quel point il est important de procéder de manière interdisciplinaire quand on veut aborder la relation entre émotion et mémoire dans l’œuvre de Proust. Selon les deux auteurs, c’est seulement lorsqu’on abandonne les perspectives isolées de la neuroscience et de l’étude littéraire pour en faire la synthèse qu’on peut explorer le lien étroit de l’affect avec l’écriture du roman. L’article de Winfried Wehle examine les imbrications entre philosophie et art et montre comment l’esthétique peut surmonter le dilemme philosophique du sujet moderne du début du xxe siècle quand la compréhension du caractère fluctuant de l’identité se double d’une «mobilité mentale». Ensuite, c’est Bernhard Waldenfels qui nous met sur la piste du temps perdu pour répondre à la question du rôle de ce qui est retrouvé à la fin par le narrateur, avant qu’Alois Hahn et Jürgen Thömmes se penchent sur la pensée constructiviste afin d’élaborer dans quelle mesure l’art, dans la Recherche, «devient non seulement une forme de la construction du monde, préformée, en principe du moins, par les types d’expérience extra-artistiques, mais aussi une construction des constructions unique».
Peter V. Zima poursuit la voie de l’analogie pour confronter la manière dont Proust s’approche du concept de la différence avec celle de Jacques Derrida. D’après lui, « l’écrivain part du postulat de la différence pour le valider et le consolider dans le cadre d’un discours conçu d’une manière téléologique, tandis que le déconstructiviste part du postulat de la différence pour le mettre en question et finalement le laisser tomber ». Les analyses de Kristin Mlynek-Theil se focalisent sur un petit insecte qui ne se présente qu’à la fin de la Recherche, la mite, mais qui donne lieu à des réflexions qui font le lien entre certaines observations du protagoniste proustien autour du sujet de la perception et une théorie des médias mettant en avant la relativité du concept de brouillage. L’allégorie de la toile de la femme araignée est tissée par Anne-Marie Lachmund qui s’en sert pour illustrer les résultats de son étude qui se met en devoir d’éclaircir les interdépendances entre haute culture et culture populaire. Pour finir, Alba Zschiesche montre la fragilité du concept de goût en le retraçant par rapport à Robert de Saint-Loup : bouleversant l’ordre binaire, Saint-Loup révèle un caractère subversif qui est institué par Proust afin de rendre visible les qualités de la diversité.
Le volume ne prétend pas donner un panorama complet au sujet des multiples relations entre Proust et la philosophie mais cherche plutôt
à établir un dialogue entre les analyses des proustiens allemands et la riche recherche de la critique française à ce sujet – une recherche qui a
été notamment influencée et enrichie par Anne Henry qui s’est dévouée à l’exploration des liens entre la Recherche et la philosophie surtout allemande et qui vient de disparaître cette fin d’année.

Inhalt

Uta Felten, Volker Roloff et Kristin Mlynek-Theil – Avant-propos. Proust et la philosophie : regards de la critique allemande, Ursula Link-Heer –
Proust et les philosophes du xixe siècle, Volker Roloff – Proust et les philosophes du xxe siècle, Uta Felten – L’éloge de la curiosité moraliste.
Proust et la réception de la philosophie moraliste, Rainer Warning – Proust et la pensée moraliste, Karin Schulz – À la recherche entre méconnaissance et connaissance. L’innovation de la tradition moraliste dans À la recherche du temps perdu – un enjeu optique, Manfred Schneider – Le temps comme événement. Proust et la théorie du sublime, Irene Albers et Philipp Engel – La poétique proustienne de la «mémoire affective ». Perspectives historiques et actuelles, Winfried Wehle – La littérature comme « espace de mouvement ». La crise du sujet moderne et son dépassement kinesthésique chez Proust, Bernhard Waldenfels – La réponse retardée, Alois Hahn et Jürgen Thömmes – Proust et le constructivisme épistémologique, Peter V. Zima – De Marcel Proust à la déconstruction. Le «monde des différences», Kristin Mlynek-Theil
La mite-fourreuse. Le rôle du parasitage dans la Recherche de Proust, Anne-Marie Lachmund – Proust et la philosophie de la culture populaire.
Captivé dans la toile de la femme araignée, Alba Zschiesche – Proust et les oscillations du goût


Anmerkungen

keine

Ersteller des Eintrags
Anne-Marie Lachmund
Erstellungsdatum
Donnerstag, 15. August 2019, 09:57 Uhr
Letzte Änderung
Sonntag, 18. August 2019, 09:11 Uhr