Stadt: Berlin

Beginn: 2021-09-02

Ende: 2021-07-04

URL: https://box.hu-berlin.de/f/811d11b2b01d42a2a221/

La redéfinition du culte des saints compte parmi les mesures principales découlant du Concile de Trente. En 1588, sous le pape Sixte V, l’Église codifia la canonisation avec la fondation de la Sacrée Congrégation des Rites. C’est dans cette même année que fut imprimée la première édition de la Vida de Thérèse d’Avila et qu’éclata la polémique de auxiliis à la suite de la publication du De concordia liberi arbitrii du jésuite Luis de Molina, polémique qui allait dominer le débat théologique jusqu’au XVIIIe siècle, notamment en France. Au XVIe siècle encore parurent d’importantes hagiographies, qui devaient servir de modèles aux vies des saints du « siècle des saints » : sur Thérèse d’Avila (Ribera 1590), Ignace de Loyola (Ribadeneyra 1572), Charles Borromée (Bascapè 1592) ou François Xaver (Torsellino 1594).
Avec la redéfinition du processus de canonisation, la nécessité de fournir des preuves devint de plus en plus importante, soit pour témoigner de la vie vertueuse du saint potentiel, soit pour authentifier le caractère divin des miracles provoqués par lui. Les différentes conceptions de la preuve oscillent entre les procédures rhétoriques de persuasion, l’exposé de preuves dans la philosophie naturelle ou bien les processus juridiques de la preuve. En même temps, en raison de la polémique de auxiliis et d’une spiritualité en transformation due en partie aux influences espagnoles, les autorités ecclésiastiques focalisèrent l’attention de plus en plus sur le cheminement intérieur du servus Dei.
L’hypothèse de départ de ce colloque consiste à supposer que l’hagiographie réagit à ces changements : au XVIIe siècle, de nouvelles hagiographies se multiplièrent et furent de plus en plus souvent rédigées avant la canonisation, de façon à recueillir des documents aptes à faire preuve de la sainteté du servus Dei. À cette fin furent intégrés ou joints aux vies des saints de nombreux témoignages provenant des familles, des confesseurs ou des consœurs et confrères du saint potentiel, mais aussi des observations médicales et notamment, à grande échelle, des écrits autobiographiques du saint potentiel lui-même : ces documents sont censés servir de ‘preuves’ de la sainteté et le colloque cherche à savoir de quel type de preuve il s’agit et comment elle est conçue et exprimée sur le plan rhétorique. Ce contexte peut également expliquer la raison pour laquelle de nombreuses autobiographies spirituelles peuvent être lues comme hagiographies. Ce sont, en effet, souvent des saints potentiels qui donnent dans ces textes un témoignage direct sur leur combat avec les forces du mal et sur leur chemin intérieur vers Dieu. Bien que des « autohagiographies » aient déjà existé avant le XVIIe siècle, leur nombre semble augmenter au cours du « siècle des saints ».
Certes, la critique a déjà souligné que les premières hagiographies post-tridentines provenant d’Espagne et d’Italie ont servi de modèles pour l’hagiographie du XVIIe siècle et que certaines d’entre elles ont été rapidement traduites en français. Mais, en général, jusqu’à présent, l’hagiographie post-tridentine a reçu relativement peu d’attention, surtout en regard de la tradition hagiographique médiévale. Soit l’hagiographie post-tridentine a été examinée dans des études sur des cas particuliers, soit dans des cadres nationaux ou linguistiques.
Face à ce constat, ce colloque se propose d’examiner l’hagiographie post-tridentine comme un phénomène européen avec un accent sur la France, en réunissant des chercheurs de différentes disciplines, notamment des historiens et des littéraires, mais aussi des historiens de l’Église, des historiens des sciences et des théologiens. Il s’intéresse moins aux grands projets hagiographiques comme les Acta Sanctorum, mais se concentre sur la ‚biographie dévotionnelle‘, c’est-à-dire les hagiographies qui ont été écrites à des fins d’édification pendant la vie ou peu de temps après la mort du servus Dei.

JEUDI 02 SEPTEMBRE 2021
Université Humboldt de Berlin

14h00 Accueil
14h15 Daniel Fliege, Marie Guthmüller, Philipp Stenzig : Introduction

Thérèse de Jésus
présidence : Marie Guthmüller
14h45 Iris Roebling-Grau : Narrer la sainteté
15h30 Axelle Guillausseau : La sainteté au prisme de l’humanisme critique : canonisation et hagiographies de Thérèse de Jésus
16h15 pause-café

L’hagiographie jésuite
présidence : Daniel Fliege
16h45 Markus Friedrich : Peter Canisius and his multiple early modern lives. Narrating a future Jesuit Saint’s biography
17h30 Jenny Körber : The Life of Catharina Vigri of Bologna (1413–1463) – a product of the post-Tridentine Campaign for Canonization
18h15 pause-café

18h45 Adrien Paschoud : Écrire la sainteté : enquête dans les écrits autobiographiques (1654-1663) de Jean-Joseph Surin
20h00 dîner

VENDREDI 03 SEPTEMBRE 2021

Le procès de canonisation
présidence : Marie Guthmüller
09h00 Éric Suire : Procès de canonisation et hagiographies en français au temps de la Réforme catholique : une construction en miroir ?
09h45 Sophie Houdard : Agnès de Langeac, une sainte en attente d’approbation
10h30 pause-café

La sainteté au milieu oratorien
présidence : Jenny Haase
11h00 Daniel Fliege : La « science des saints » comme « école de l’expérience » : à propos de l’expérience mystique chez Pierre de Bérulle et dans la Vie du cardinal de Bérulle de Germain Habert (1646)
11h45 Charles Berger de Gallardo : La Vie de Condren par Amelote – traduire une doctrine spirituelle dans une approche biographique
12h30 pause de midi

L’hagiographie à Port-Royal
présidence : Daniel Fliege
14h30 Pascale Thouvenin : L’hagio-historiographie à Port-Royal : vie spirituelle et apologie
15h15 Philipp Stenzig : L’auto-hagiographie de Port-Royal – en fin de compte, un acte latreutique ?
16h00 pause-café

Autobiographie / autohagiographie
présidence : Philipp Stenzig
16h30 Marie Guthmüller : Entre humilitas et superbia : potentiel et problèmes de l’écriture ‘autohagiographique’ au XVIIe siècle (à l’exemple de l’Histoire de Jeanne des Anges)
17h15 Xenia von Tippelskirch : Écrire comme preuve de vertu. Les citations de textes autobiographiques dans les vies de dévotes à la fin du XVIIe siècle
19h00 dîner

SAMEDI 04 SEPTEMBRE

Preuves du merveilleux ?
présidence : Marie Guthmüller
09h00 Rogier Gerrits : Entre le merveilleux et le vraisemblable. La représentation des miracles dans les hagiographies post-tridentines
09h45 Antoinette Gimaret: La Vie de sœur Catherine de Jésus (1626) : une rhétorique paradoxale de la preuve hagiographique invisible ou manquante
10h30 pause-café

présidence : Philipp Stenzig
11h00 Marion de Lencquesaing : Prétéritions hagiographiques : prouver la sainteté sans la dire (à propos de quelques Vies de héros de la sainteté française du premier XVIIe siècle)
11h45 Daniel-Odon Hurel : Les Vies des justes de dom Edmond Martène (vers 1700-1710) : édifier en interne dans le cadre bénédictin et tridentin
12h30 conclusion

Beitrag von: Daniel Fliege

Redaktion: Christine Montmasson