Stadt: Freiburg im Breisgau

Beginn: 2017-01-26

Ende: 2017-01-27

URL: http://www.fz.uni-freiburg.de/veranstaltungen/kolloquium_charliehebdo

Charlie Hebdo: Appréhender l’assassin?

Le colloque est une coopération entre le Frankreich-Zentrum de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg-en-Brisgau, le Département d’Etudes Romanes de l’Université et la Fondation Dr.-Jürgen-und-Irmgard-Ulderup.

Lieu : Zentrum für Populäre Kultur und Musik / Rosastraße 17-19 / D-79098 Freiburg im Breisgau

L’attentat perpétré contre le journal satirique français Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 a fait l’objet d’une vaste discussion internationale, notamment autour de la menace d’attentats terroristes islamiques à l’intérieur de l’Europe qu’il a mise en évidence. Toutefois, on sait peu en dehors de la France qu’il y avait eu de nombreuses controverses au sujet des textes et caricatures du journal satirique au cours des années qui précédèrent cet attentat, et qu’un farouche combat pour la liberté d’opinion fut mené dans ce contexte. En témoigne notam-ment le documentaire de Daniel Leconte C’est dur d’être aimé par des cons, sorti en 2008.
En dehors de manifestations de solidarités générales, presqu’aucun débat scienti-fique différencié n’a eu lieu sur Charlie Hebdo ou d’autres organes de publication de carica-tures du même genre. C’est ici que le colloque souhaite lancer la discussion : outre des ré-flexions sur la fonction et le potentiel provocateur des caricatures ou d’imageries héroïques, sera également prise en compte la période précédant les attentats. La parution du roman de Michel Houellebecq Soumission et de la couverture de Charlie Hebdo sur cet auteur montrent comment un scandale médiatique peut être déclenché à travers des coïncidences plus ou moins aléatoires. Pendant que, dans la presse, on se demanda alors si Houellebecq avait, tel un visionnaire, pressenti les attentats, voire même y avait une part de responsabi-lité, le postulat de la « mort de l’auteur » (Foucault, Barthes), qui bénéficie pourtant d’un large consensus au sein de la communauté scientifique, ne joua manifestement aucun rôle dans l’opinion publique. Houellebecq reçut le prix BNF au titre du plus grand écrivain con-temporain, alors que le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls déclarait au même moment : « la France n’est pas Houellebecq. »
On ne peut ignorer l’histoire qui unit la caricature et la satire à la création d’images de l’étranger et de l’ennemi, de stéréotypes d’autres cultures, et à l’imagination physionomique
de discours racistes et d’autres discours notamment picturaux. Réinscrite dans ce contexte, la question du racisme et de la bigoterie, mais aussi celle de l’exagération et de l’ironie sub-versives propres à la caricature gagnent en complexité, et les réponses qu’il convient de leur apporter perdent de leur univocité.
Depuis les attentats, la réflexion sur le profil des criminels s’est également amplifiée : Klaus Theweleit a tenté d’établir un « psychogramme du plaisir de tuer » (Psychogramm der Tötungslust, 2015), incluant la violence (sexualisée), des considérations sur le concept de masculinité et la mise en scène médiatique de crimes violents. Philippe-Joseph Salazar a examiné de son côté la puissance de conviction rhétorique de Daech (Paroles armées, 2015).
En France, mais aussi en Allemagne, la question de savoir comment une « démocra-tie capable de se défendre » (wehrhafte Demokratie) peut parvenir à faire face à de tels phénomènes est débattue de façon controversée. Jusqu’où peut et/ou doit aller la tolérance face à l’intolérance ? Dans quelles circonstances le respect du politiquement correct conduit-il à de la censure ? De quoi les caricaturistes ont-ils à l’inverse le droit de rire ?

Les interventions prévues, en provenance de tout domaine des sciences humaines, des sciences de la culture et des sciences des médias, pourront consister en des analyses de cas ou des réflexions de fond notamment au sujet des questions suivantes :
- Dans quelle mesure les attentats contre Charlie Hebdo ont-ils conduit à une modifica-tion à l’échelle internationale de la discussion au sujet du terrorisme ?
- Quelles références à d’autres attentats terroristes, avant ou après celui contre Charlie Hebdo (9/11, Bataclan, Nice etc.), trouvent-on dans les discussions publiques, les médias, la littérature et l’art ?
- Comment le débat français, plus particulièrement, à propos du terrorisme, de l’immigration, de l’islam, etc. s’est-il modifié depuis ?
- Comment articuler le réseau complexe entre terreur, censure, le politiquement cor-rect, liberté, démocratie, libertés religieuses et les autres données du débat ?
- Quels modèles narratifs au sujet des victimes et des tueurs sont formés ou réactivés ?
- De quels moyens (légitimes, légaux et autres) les Etats démocratiques disposent-ils pour se défendre contre le terrorisme ?

Charlie Hebdo: Capture the perp?
A joint venture of the Centre for French Studies and the Department of Roman Studies at Freiburg University, and the Dr.-Jürgen-und-Irmgard-Ulderup-Foundation.

The murderous attacks on the editors of French satirical magazine Charlie Hebdo on January 7, 2015, have been discussed widely and internationally, often with a focus on the threat of Islamistic terror striking in the heart of Europe. Meanwhile, previous controversies in France surrounding provocative texts and caricatures in Hebdo remain relatively unknown abroad: They constitute a continued and ardent struggle about freedoms of speech and the press. Daniel Leconte’s documentary (C’est dur d’être aimé par des cons, 2008) tells parts of those stories.
What remains rare are detailed scholarly treatments of Charlie Hebdo’s and similar carica-tures and satires that would go beyond the most general declarations of political solidarity. Our colloquium will not only discuss the provocative potential of caricatures as well as heroic imagery as such, but also focus on publications and controversies predating the recent attacks. The more or less coincidental media scandal surrounding Houellebecq’s novel Sou-mission and the Houellebecq-cover in Charlie Hebdo had some in the press debating whether Houellebecq had foreseen the attacks or even shared some of the blame. Even as
Houellebecq was celebrated by the Bibliothèque Nationale de France as the greatest con-temporary author, French Minister of the Interior Manuel Valls declared that “France is not Houellebecq”.
It is difficult to ignore the history that caricature and satire share with the creation of images of the foreign and inimical, stereotypes of other cultures and the physiognomic imagination of racist and other pictorial discourses. Viewed against that background, the question of racism and bigotry, but also of subversive overstatement and irony in caricature becomes complex and answers turn uneasy.
The attacks have also brought new attention to the profiling of perpetrators in other genres and magisteria: Klaus Theweleit attempted a ‘psychogram of killing lust’ (Psychogramm der Tötungslust, 2015) comprising (sexualized) violence, concepts of masculinity, and the media representation of violent crime. Philippe-Joseph Salazar examined the rhetorical force of IS/Daesh (Paroles armés, 2015).
In France and Germany, the correct response of a ‘militant democracy’, as the German con-cept of a ‘wehrhafte Demokratie’ is usually (mis)translated, to such attacks has come under controversial scrutiny. How far can tolerance continue in the face of intolerance? Where does political correctness turn into censorship? What are caricatures permitted to ridicule?

The planned contributions from all disciplines in the humanities may consider case analyses or basic research into some of the following questions:
– How has the discourse on terrorism changed following the attacks on Charlie Hebdo?
– How did public debate connect these attacks to other acts of terrorism before and after (such as 9/11, Bataclan, Nice, etc.?)
– How has the French discussion on terrorism, immigration, or Islam changed?
– What general questions and controversies are continued, restated or transformed by the debates surrounding these attacks?
– How can we describe the complicated network of relations between terrorism, censor-ship, political correctness, freedom, democracy, religious liberties, and the other in-volved facets?
– What new or reactivated narrative patterns have been used to capture perpetrators and victims?
– How are democratic states mounting legal, legitimate, or other defences against ter-rorism?

Beitrag von: Lea Alberding

Redaktion: Christof Schöch