Stadt: Breslau

Frist: 2022-06-26

Beginn: 2022-12-07

Ende: 2022-12-10

Appel à contribution pour le Colloque international

L’Expérience mystique dans la culture et dans la science / Mystical Experience in Culture and Science

Lieu et date :
Wrocław, du 7 au 10 décembre 2022

Organisateur :
Université de Wrocław
Faculté des Lettres
Institut d’études romanes

Wrocław est la ville natale d’Angelus Silesius (1624-1677), et la région de la Basse Silésie – une vraie pépinière de philosophes et de mystiques, parmi lesquels le plus important est sans doute Jacob Boehme (1675-1624). La ville de Wrocław a choisi de dédier l’année 2022 à Edith Stein, et c’est pourquoi nous avons le plaisir de vous inviter à participer à un colloque international consacré à l’expérience mystique dans la culture et dans science, en commémorant de cette façon la figure d’Edith Stein.

Edith Stein (1891-1942), l’une des étudiantes les plus célèbres de l’Université de Wrocław, aspirait en phénoménologue à sonder les profondeurs de l’expérience de l’ « homme intérieur », ce dont témoignent ses nombreux écrits. Le mysticisme, courant philosophico-religieux existant dans diverses cultures et religions, admet l’existence de l’expérience mystique conçue comme un état de communication directe et d’union de l’être humain (ou de tout être individuel doué de conscience) avec la réalité ultime. Le plus souvent cette réalité est définie comme un absolu impersonnel ou un être personnel parfait, qui est la source de tout être existant. Cette transcendance dans un contexte religieux plus général remplit les fonctions du sacré. William James (1842-1910), pour qui l’expérience mystique fait partie des types de l’Expérience religieuse (1902), a indiqué les traits suivants pour la caractériser : ineffabilité, caractère noétique (la révélation / illumination qui l’accompagne dévoile et cache à la fois), le caractère passager (courte durée), ainsi que la passivité de celui qui l’éprouve.

L’expérience empirique, maillon apparemment fiable entre l’individu est le réel, exige une « légitimation » par la raison. L’expérience mystique – cette irruption soudaine et irrésistible de l’absolu dans l’individu – cherche aussi à être confirmée, comprise et exprimée par la parole, le logos, parfois par un symbole chiffré, qui devient par la suite la base d’un credo, d’un courant philosophique ou d’une quête du salut plus individuelle.

Bien que l’ « objet » de l’expérience mystique, à savoir Dieu/le dieu ou la déesse/la Déité, est indéfinissable et inexprimable, les mystiques cherchent d’habitude à l’exprimer à l’aide de notions enracinées dans leur tradition et leur culture. Ainsi, l’expérience en question se trouve transférée dans un cadre social et interpersonnel.

L’extase est un type spécial de théophanie, témoignant d’une sortie de l’extatique (adepte, yogi, ascète) en dehors de soi, mais aussi de la sortie du Dieu ou de la déesse en direction de l’Autre. Alors que les motifs divins de cet acte relèvent du mystère, le cheminement humain menant de l’esthétique de expérience sensorielle à la théophanie et à l’extase deviennent pour le mystique la seule raison d’être, le seul mode de vie envisageable. C’est ainsi que l’homo mysticus progresse sur la via mystica vers l’abîme insondable de la réalité transpersonnelle, vers le mystère de la coexistence de l’absolu et de la création.

Nous appelerons donc mystique « une expérience du sacré consciente particulièrement intense, vécue à l’intérieur de l’homme, comme valeur souveraine ou unique. Cette valeur sera autrement conçue dans les religions mystiques, ignorant souvent le dialogue entre le mystique et l’absolu, et autrement dans les religions prophétiques admettant une différence substantielle entre le sujet et l’objet de l’expérience mystique. Toutefois les deux traditions partagent un élément en commun – la participation consciente dans le coeur même du sacré ». Cette sainte flamme embrassant la totalité de l’être humain – son esprit, son affectivité et son corps – possède de nombreux aspects.

Dans l’espace de la transcendance le moi individuel peut disparaître (temporairement ou de façon durable), menant ainsi à la déification et à la naissance d’un « nouveau moi ». Pour atteindre l’expérience mystique, de nombreux efforts et moyens peuvent être entrepris : déprivation sensorielle, méditation, silence, techniques de respiration. Les témoignages d’une expérience de la présence divine – d’un face à face avec l’Absolu – ne manquent pas, pour ne citer que l’expérience de Moïse sur le Sinaï narré dans le livre de l’Exode. Le divin ne sollicite-t-il pas lui-même cette entrée en contact avec l’homme, avec son Bien aimé ? Le thème de l’union mystique ou des noces mystiques, associant la mystique avec l’érotisme, revient sous de nombreuses formes dans différentes traditions (conceptions de la bhakti divine dans l’hindouisme, interprétations du Cantique des cantiques, tant juives que chrétiennes, poésie soufie). Mentionnons aussi des phénomènes tels que la pénètration du dvin dans le corps de l’extatique, l’ivresse ou la folie divine, ainsi que d’autres pratiques transgressives (caractéristiques par exemple du tantra de la main gauche, du vadjrayāna tibétain ou de la figure du fol-en-Christ dans la tradition orthodoxe). L’expérience mystique peut aussi mener au dévoilement d’un savoir caché, de caractère ésotérique (par exemple la tradition vishnouite du pancharatra, les enseignements orphiques et pythagoriciens). La présence divine était éprouvée lors des mystères dans la Grèce ou l’Égypte anciennes, dans les confréries religieuses et philosophiques, ainsi que dans certaines sociétés secrètes modernes. Dans la tradition chrétienne la mystique, avant qu’elle ne se trouve associée avec une forme particulière de l’expérience spirituelle, et sur le plan philosophico-théologique avec une connaissance de type apophatique (écrits du Pseudo-Denys, d’Érigène, plus tard des mystiques rhénans), était liée au caractère initiatique de certains enseignements, reservés à un cercle restreint de disciples (l’adjectif μυστικός, « mystique », partage la même racine avec le mot signifiant « mystère », μυστήριον). Bien qu’il faille distinguer la mystique de l’ésotérisme (ainsi que de la gnose et de la magie qui lui sont étroitement liés) – elle est en effet l’expression d’une aspiration à une union directe avec le divin par le dépassement de la sphère imaginative, cette dernière étant un élément-clé et nécessaire des courants ésotériques – ces deux domaines se croisent souvent. Il en est ainsi dans la kabbale juive, l’hermétisme et l’alchimie mystique, chez les néoplatoniciens de la renaissance, avec leur conception de la prisca thologia, et plus tard chez Jacob Boehme, Louis-Claude de Saint-Martin, Emanuel Swedenborg (ainsi que tous les romantiques qui s’en inspiraient), ou encore plus tard dans le courant du pérennialisme.

L’art apparaît à la fois comme une forme d’invocation du divin, et une expression de l’expérience qui en est faite, notamment à travers la danse extatique (soufisme, Theyyam du Kerala), la musique et le chant (chez les Bâuls, les Alvars, les Nayanar). La littérature – du cycle arthurien et de la légende du Saint Graal, jusqu’à L’Aleph de Jorge Luis Borges et La Nuit de Feu d’Eric-Emmanuel Schmitt, en passant par les œuvres de Novalis, William Blake, Victor Hugo, celles de symbolistes, fournit des exemples sans nombre de traduction de la thématique mystique dans le langage littéraire de la prose et de la poésie.

L’expérience mystique est aussi un sujet de vif intérêt dans les nombreux courants de nouvelle spiritualité (notamment au sein de la culture variée du New Age), en essor dans les dernières décennies, qui associent volontiers les traditions extrême-orientales avec la sensibilité occidentale. Elle constitue aussi un thème récurrent dans le cadre de la post-sécularité, c’est-à-dire du courant de pensée qui met en question ou dépasse (d’un point de vue axiologique, philosophique ou sociologique) la thèse sur la sécularisation du monde. On peut mentionner ici les livres de Charles Taylor, John Caputo, Jacques Derrida, Emmanuel Carrère ou Julia Kristeva, et dans le domaine du cinéma, les films de Bruno Dumont. L’expérience mystique devient ici un élément de relecture et de transformation de l’expérience religieuse, dans un monde après la « mort de Dieu », où ni le dogmatisme ecclésiastique, ni le matérialisme athée, renfermant l’homme dans l’immanence pure du système de la nature, ne peuvent plus être considérées comme des réponses satisfaisantes aux questions fondamentales de la condition humaine.

En dépit de l’importance du phénomène de l’expérience mystique à travers les siècles – tant sur le plan individuel que sur le plan collectif et socio-culturel – il n’est devenu l’objet de sérieuses études empiriques, relevant principalement de la neuroscience, que depuis peu de temps. Les observations effectuées jusqu’ici de l’activité psychobiologique de mystiques contemporains (Carmes, yogis, moines bouddhistes), jettent un nouvelle lumière sur les mécanismes et la genèse des expériences mystiques, indiquent de nouvelles pistes de recherche et peuvent mener à des conclusions comparatives intéressantes.

Pour notre rencontre proposons les pistes de recherche suivantes :

• L’expérience mystique et les traditions bibliques
• L’expérience mystique dans les religions du monde
• L’expérience mystique suivant une approche comparative
• L’expérience mystique et son expression
• L’expérience mystique dans l’art, la littérature, le théâtre, le cinéma
• L’expérience mystique dans un contexte post-séculier
• L’expérience mystique d’un point de vue historique
• L’expérience mystique et l’ésotérisme occidental
• Expérience mystique et philosophie
• Expérience mystique et psychanalyse
• Expérience mystique, science et neuroscience
• Expérience mystique « sauvage » et non-religieuse
• L’expérience mystique dans les travaux d’Edith Stein

INFORMATIONS IMPORTANTES

Lieu du colloque :
Université de Wrocław
Institut d’études romanes
pl. Bp. Nankiera 4, 50-140 Wrocław

Comité d’organisation :
Nina Budziszewska (Université de Wrocław)
Marlena Krupa-Adamczyk (Université de Wrocław)
Tomasz Szymański (Université de Wrocław)
Gianluca Olcese (Université de Wrocław)

Comité scientifique :
Piotr Augustyniak (Université Économique de Cracovie)
Sonia Maura Barillari (Université de Gênes)
Agata Bielik Robson (Académie Polonaise des Sciences, Université de Nottingham)
Nina Budziszewska (Université de Wrocław)
Antonio Guerci (Université de Gênes)
Marzenna Jakubczak (Univerité Pédagogique)
Mirosław Kiwka (Papieski Wydział Teologiczny we Wrocławiu)
Marlena Krupa-Adamczyk (Université de Wrocław)
Piotr Lorek (École Supérieure Évangélique de Théologie)
Maciej Manikowski (Université de Wrocław)
Gianluca Olcese (Université de Wrocław)
Monika Rzeczycka (Université de Gdańsk)
Luiza Rzymowska (Université de Wrocław)
Alicja Sakaguchi (Université Adam Mickiewicz de Poznań)
Francisco Javier Sancho Fermín, OCD (Centro Internacional Teresiano-Sanjuanista, Ávila)
Anna Siri (Université de Gênes)
Tomasz Szymański (Université de Wrocław)
Izabela Trzcińska (École des mines et de la métallurgie de Cracovie)
Zofia Zarębianka (Université Jagellon de Cracovie)

Date limite de réception des propositions de communication : 26 juin 2022

Notification aux auteurs : 10 juillet 2022

Durée des communications : 20 minutes (+10 minutes pour la discussion)

Langues du colloque : polonais, français, espagnol, italien, anglais

Frais d’inscription : 100 EUR / 450 PLN

(Ils comprennent les pauses-café, le dîner-banquet, les matériaux du colloque, la publication des contributions après évaluation, la visite de la maison d’Edith Stein.)

Envoi des propositions

Par courrier électronique aux adresses:
marlena.krupa@uwr.edu.pl (polonais ou espagnol)
nina.budziszewska@uwr.edu.pl (français ou anglais)
tomasz.szymanski@uwr.edu.pl (français ou polonais)
gianluca.olcese@uwr.edu.pl (italien ou anglais)

1. Nom et prénom
2. Titre / grade universitaire
3. Affiliation universitaire
4. Adresse e-mail
5. Adresse postale
6. Numéro de téléphone
7. Sujet de la communication
8. Discipline
9. Résumé de la communication (environ 200 mots)

Beitrag von: Gianluca Olcese

Redaktion: Robert Hesselbach