CfA : Discours de haine et politesse : usages linguistiques divergents dans les médias de masse francophones
Marc Chalier (Universität Passau), Philipp Heidepeter (Universität Passau), Christian Koch (Universität Siegen), Robert Hesselbach (Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg) et Ursula Reutner (Universität Passau)

Les médias de masse assument un rôle important dans la manière dont une société aborde ses conflits. Linguistiquement, leur traitement varie selon plusieurs axes : le respect des règles de politesse (Brown/Levinson 1987), la volonté de compréhension mutuelle (Grice 1975) ou encore la nature plus ou moins ouverte de la communication (Hall 1977) dépendent par exemple considérablement du type de conversation (par ex. talkshows vs journaux) ainsi que de facteurs culturels. De plus, le degré d’anonymat élevé de la communication digitale, mais aussi la manière dont les internautes se mettent eux-mêmes en scène favorisent l’apparition de phénomènes comme le discours de haine (angl. hate speech, cf. Meibauer 2013, Lozenzi Bailly/Moïse 2021), connu comme étant l’expression linguistique de la haine à l’égard de personnes ou de groupes, notamment par l’utilisation d’expressions destinées à dénigrer et à déprécier des groupes en particulier et susceptible d’influencer les choix langagiers, la radicalité de contenus abordés ainsi que l’opinion politique (Gagliardone et al. 2015).

La présente publication aborde les conflits et débats dans différents types de médias et met un accent particulier sur le discours haineux dans les réseaux sociaux. Les médias pris en compte sont définis très largement comme moyens de communication de masse caractérisés par des supports techniques et sémiotiques dans la transmission de l’information (Wolf 2011). Le recueil regroupe ainsi des contributions sur la presse écrite, les médias audiovisuels ainsi que les médias numériques liés à internet, dont, en particulier, le web 2.0 et ses réseaux sociaux (p. ex. Jaki/De Smedt 2019, Jaki et al. 2019). Au niveau linguistique, les analyses peuvent toucher tous les niveaux de description : prononciation (p. ex. stratégies vocales utilisées dans des débats en direct), morphosyntaxe (p. ex. corrélation entre degré d’élaboration et d’exactitude grammaticales dans les réseaux sociaux et opinions politiques de leurs auteur.e.s), lexique (p. ex. vocabulaire poli vs malpoli, euphémisant vs direct, rationnel vs émotionnel), pragmatique (p. ex. degré de coopération, stratégies communicatives comme l’ironie ou le sarcasme, fonction des émoticônes dans le discours de haine, performativité de la langue) ou encore linguistique variationniste (p. ex. identification de discours de haine sur le continuum de la proximité et la distance, cf. Koch/Oesterreicher 2011; comparaison entre différentes variétés de français; cf. Reutner 2017).

Dans ce cadre des sujets conflictuels dans les médias, la publication aborde principalement (mais pas uniquement) les aspects thématiques suivants :

  • Spécificités linguistiques du français dans le traitement de ces sujets conflictuels
  • Comparaisons linguistiques entre différents types de médias (numériques et/ou analogiques)
  • Spécificités linguistiques de sujets conflictuels d’actualité, comme le changement climatique, la crise sanitaire, l’extrémisme politique ou le débat autour du langage inclusif
  • Spécificités linguistiques propres à certaines orientations politiques et/ou idéologies extrêmes, notamment le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, l’islamophobie, le sexisme ou l’homophobie
  • Spécificités linguistiques de l’expression d’émotions comme l’agressivité

Les propositions de contribution sur les thèmes mentionnés pourront nous être envoyées jusqu’au 31 mai 2023. Veuillez envoyer les articles (max. 40.000 caractères, espaces compris) à Marc Chalier (marc.chalier@ph-karlsruhe.de) et Robert Hesselbach (robert.hesselbach@fau.de). Une procédure d’évaluation (peer-to-peer) est prévue. Le recueil sera publié en ligne en libre accès (open access).

Références
Brown, Penelope/Levinson, Stephen C. 1987. Politeness. Some universals in language use. Cambridge: Cambridge University Press.
Gagliardone, Iginio, Danit Gal, Thiago Alves & Gabriela Martinez. 2015. Combattre les discours de haine sur internet. Paris: Unesco.
Grice, Herbert Paul. 1975. Logic and Conversation. In Cole, Peter/Jerry L. Morgan (eds.), Spech acts, 41–58. New York: Academic Press.
Hall, Edward T. 1977. Beyond culture. New York: Anchor Press/Doubleday.
Koch, Peter/Wulf Oesterreicher. 2011. Gesprochene Sprache in der Romania: Französisch, Italienisch, Spanisch. Berlin/Boston: De Gruyter.
Jaki, Sylvia & Tom De Smedt. 2019. _Right-wing German hate speech on Twitter: Analysis and automatic detection:. arxiv.org/abs/1910.07518.
Jaki, Sylvia, Tom De Smedt, Maja Gwóźdź, Rudresh Panchal, Alexander Rossa & Guy De Pauw. 2019. Online hatred of women in the Incels. me forum: Linguistic analysis and automatic detection. Journal of Language Aggression and Conflict 7(2). 240–268. doi.org/10.1075/jlac.00026.jak.
Lorenzi Bailly, Nolwenn/Moïse, Claudine (eds.). 2021. La haine en discours. Lormont: Le Bord de L’eau.
Meibauer, Jörg (ed.). 2013. Hassrede/Hate Speech – Interdisziplinäre Beiträge zu einer aktuellen Diskussion. Gießen: Gießener Elektronische Bibliothek. http://geb.uni-giessen.de/geb/volltexte/2013/9251/.
Reutner, Ursula. 2017. Vers une typologie pluridimensionnelle des francophonies, In Ursula Reutner (ed.), Manuel des francophonies, 9–64. Berlin/Boston: De Gruyter.
Wolf, Werner. 2011. (Inter)mediality and the Study of Literature. CLCWeb – Comparative Literature and Culture 13(3). 1–9.

Beitrag von: Robert Hesselbach

Redaktion: Robert Hesselbach