Stadt: Moncton (Acadie, Canada)

Frist: 2024-01-05

Beginn: 2024-10-09

Ende: 2024-10-12

URL: https://ilpe6.wordpress.com/

Le réseau de recherche CIRCULA organise du 9 au 12 octobre 2024 le colloque international ILPE 6 (Les idéologies linguistiques dans la presse écrite et les autres médias de communication : l’exemple des langues romanes) à l’Université de Moncton (Acadie, Canada). Ce colloque fait suite aux cinq rencontres scientifiques ILPE qui ont eu lieu à Augsbourg (Allemagne, octobre 2013: ILPE 1), à Montréal (Canada, octobre 2015: ILPE 2), à Alicante (Espagne, octobre 2017: ILPE 3), à Messine (Italie, octobre 2019: ILPE 4) ainsi qu’à La Plata et Buenos Aires (Argentine, septembre 2022: ILPE 5).

Ces rencontres se présentent dorénavant comme un événement incontournable pour l’étude des idéologies linguistiques dans le domaine des langues romanes. Comme c’était le cas des éditions précédentes, la rencontre organisée à Moncton aura pour objectif de réunir des chercheuses et chercheurs intéressés par le double rôle des médias comme lieu de production et de diffusion d’idéologies linguistiques et comme moyen de standardisation-normalisation de la langue, et ce, dans les différentes communautés de langue romane.

D’édition en édition, la perspective adoptée a dépassé la seule presse écrite pour être élargie à différents types de supports, mais aussi à différents types de médias (audiovisuels, radiophoniques, sociaux). Pour cette 6e édition, nous encourageons particulièrement les travaux portant sur les médias numériques natifs dans la mesure où ces environnements technolangagiers appellent à revoir les méthodes et les outils traditionnellement mobilisés en analyse du discours médiatique (Paveau, 2017). En effet, au vu de l’éclatement formel de l’espace médiatique, de la multiplication des groupes et des communautés d’intérêts qui prennent part à l’offre médiatique, de la complexification des conditions de production et de consommation des médias, l’occasion nous semble belle d’interroger l’utilité et la pertinence de la notion même d’idéologie linguistique, qui est au coeur de ce colloque : dans quelle mesure cette grille de lecture est-elle toujours d’actualité pour analyser les discours, les débats et les actions sur la langue dans les médias d’aujourd’hui ? Certains terrains, certaines pratiques nous confrontent-ils à la limite heuristique de la notion d’idéologie linguistique ? Faut-il alors « se débarrasser des idéologies linguistiques » (Costa, 2017) pour ne pas tomber dans le piège des concepts-paradigmes qui « expliquent de plus en plus – jusqu’à ce que, bientôt, ils expliquent à peu près tout » (Sahlins 2002 : 74) » (cité dans Costa, 2017 : 112) ? Est-il plutôt envisageable d’en renouveler le contenu théorique et descriptif en défrichant par exemple de « nouvelles » idéologies, en dehors du cadre classique de celles du standard, du monolinguisme et de l’authenticité ? Cette mise à l’épreuve théorique et empirique de la notion d’idéologie linguistique fera l’objet d’une activité en plénière, mais nous encourageons également des communications individuelles sur le sujet.

Par ailleurs, nous souhaitons profiter de cette édition pour favoriser une réflexion sur les outils technologiques à la portée des chercheurs et des chercheuses. Analyser les idéologies linguistiques dans les médias de communication signifie de plus en plus travailler à partir de corpus multimédias, fragmentés et augmentés sur plusieurs plateformes ainsi que composés de données discursives et sémiotiques diverses (texte, image, vidéo, hyperlien, émoticônes), ce qui implique de nouveaux savoir-faire méthodologiques en termes de repérage, codage, archivage. Nous encourageons ainsi les contributions qui présentent d’une part, des approches adaptées au numérique (par ex. netnographie, Kozinets 2002) et d’autre part, des logiciels et des programmes de collecte de données médiatiques (par ex. Meltwater) en mettant à l’épreuve leur potentialité à partir de cas concrets. Les communications et les panels qui partagent des expériences tirées d’équipes et de groupes de recherche sont ici particulièrement encouragés.

De plus, dans la mesure où cette édition a lieu à l’Université de Moncton, en Acadie (Canada), c’est-à-dire dans un contexte social où l’une des langues d’ILPE (ici le français) est minoritaire et où il existe une tradition de recherche sur les idéologies linguistiques (en particulier les travaux d’Annette Boudreau, 2009, 2014, 2016, 2021) et sur les débats linguistiques idéologiques (Arrighi et Urbain, 2016-2017; Arrighi et Violette, 2013; Melanson Breau et Violette, 2022; Violette, 2016-2017), nous tenons à mettre de l’avant certaines thématiques particulièrement travaillées au sein de notre institution et particulièrement pertinentes en contexte linguistique minoritaire : à savoir les questions d’agentivité et de réflexivité. Si l’intérêt porté à l’analyse des idéologies linguistiques dans les médias de communication est souvent motivé par la volonté de dévoiler des structures sous-jacentes et de mettre au jour des stratégies de maintien de la domination, peut-on pour autant supposer que les praticiens et praticiennes du milieu des médias n’ont aucune conscience des effets de leur production ? Quelle est leur marge de manoeuvre face aux contraintes matérielles, techniques, sociales, culturelles, politiques qui sous-tendent leur profession ? Ces questions invitent également une réflexion sur le rôle de l’analyste : à quelle fin analyse-t-on les idéologies linguistiques dans les médias ? La posture critique qui cherche à déconstruire et à dénoncer peut-elle être influencée par un biais de négativité ? Quelle éthique et quelle responsabilité pèsent sur l’analyste dans des contextes de fragilité et de vulnérabilité sociolinguistiques ? Ces réflexions sur le rapport entre les médias et le milieu de la recherche nous semblent d’autant plus pertinentes pour cette édition qui se tiendra dans une communauté franco-minoritaire dans laquelle les chercheurs et les chercheuses sont régulièrement sollicités pour donner leur avis sur la langue et participent donc de l’écosystème discursif des médias. Nous invitons ainsi les contributions qui interrogent les conditions de la prise de parole savante dans l’espace médiatique. Comment faire valoir son savoir surtout quand il va à contre-courant des idéologies ominantes ?

Enfin, fort de la diversité qui a fait sa force, le colloque continue à accueillir toutes les propositions en rapport avec la thématique, sans privilégier un cadre théorique ou une approche méthodologique. Le colloque permet les communications en espagnol, français et en italien et cherche à promouvoir les rencontres et les échanges entre chercheurs et chercheuses travaillant dans différentes traditions linguistiques, à partir de différents terrains et points de vue.

Nous espérons que les perspectives de réflexion (non limitatives) sauront conduire des chercheurs et des chercheuses d’horizons différents à enrichir notre compréhension de notre objet commun : les idéologies linguistiques dans les médias de communication.

Nous invitons toutes les personnes intéressées à intervenir au colloque à soumettre une proposition de communication par courrier électronique à (ilpe6moncton@gmail.com) avant le 5 janvier 2024.

Format des propositions
• Les résumés ne doivent pas dépasser les 350 mots (pour les communications individuelles) ou 400 mots (pour les panels thématiques), sans compter les références bibliographiques.
• Tous les résumés doivent être remis en deux versions (une version anonymisée et une version précisant le nom et l’affiliation de l’auteur).
• La durée des présentations est de 20 minutes (elles seront suivies d’une période de discussion de 10 minutes). La durée des panels est de 1h30.
• À noter que toutes les présentations auront lieu en présence au campus de Moncton de l’Université de Moncton (le colloque ne proposera aucune activité virtuelle).

Dates importantes
• Soumission de proposition : 5 janvier 2024 (ilpe6moncton@gmail.com)
• Notification des acceptations : mi-février 2024
• Tenue du colloque : 9-12 octobre 2024

Langues du colloque
espagnol, italien, français

Coût de l’inscription
100 CA$ pour les professeur.es
Aucun frais pour les étudiant.es

Comité organisateur à l’Université de Moncton
Laurence Arrighi, professeure de linguistique
Tommy Berger, doctorant en sciences du langage
Shayna-Eve Hébert, doctorante en sciences du langage
Natalie Melanson Breau, professeure d’information-communication
Isabelle Violette, professeure de linguistique

Ainsi que le Groupe CIRCULA : Juan Antonio Ennis (Universidad Nacional de La Plata, Argentine), Carmen Marimón Llorca (Universidad de Alicante, Espagne), Franz Meier (Universität Augsburg, Allemagne), Wim Remysen (Université de Sherbrooke, Québec), Fabio Rossi (Università degli Studi di Messina, Italie), Sabine Schwarze (Universität Augsburg, Allemagne) et Olivia Walsh (University of Nottingham, Royaume-Uni).

Partenaires
• Centre de recherche sur la langue en Acadie (CRLA); antérieurement : Centre de recherche en linguistique appliquée
• Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec (CRIFUQ)
• Groupe CIRCULA : Juan Antonio Ennis (Universidad Nacional de La Plata, Argentine), Carmen Marimón Llorca (Universidad de Alicante, Espagne), Franz Meier (Universität Augsburg, Allemagne), Wim Remysen (Université de Sherbrooke, Québec), Fabio Rossi (Università degli Studi di Messina, Italie), Sabine Schwarze (Universität Augsburg, Allemagne) et Olivia Walsh (University of Nottingham, Royaume-Uni).

Références
Arrighi, Laurence et Émilie Urbain (2017), « “Wake up Québec” : du recours aux communautés francophones minoritaires dans le discours visant l’émancipation nationale du Québec», dans Francophonies d’Amérique nos 42/43, p. 107-126 https://doi.org/10.7202/1054037ar
Arrighi, Laurence et Isabelle Violette (2013), « De la préservation linguistique et nationale : la qualité de la langue de la jeunesse acadienne, un débat linguistique idéologique », dans Revue de l’Université de Moncton, vol. 44 – n°2, p. 67-101 https://www.erudit.org/en/journals/rum/2013-v44-n2-rum01912/1031001ar/
Boudreau, Annette (2009), « La construction des représentations linguistiques : le cas de l’Acadie », Revue canadienne de linguistique, vol. 54 – no 3, p. 439-459.
Boudreau, Annette (2014), « Des voix qui se répondent : analyse discursive et historique des idéologies linguistiques en Acadie : l’exemple de Moncton. », Minorités linguistiques et société, no4, p. 175-199.
Boudreau, Annette (2016), À l’ombre de la langue légitime. L’Acadie dans la francophonie, Paris, Garnier.
Boudreau, Annette (2021), Dire le silence. L’insécurité linguistique en Acadie 1867-1970, Sudbury, Prise de parole.
Costa, James (2017), « Faut-il se débarrasser des idéologies linguistiques ? », Langage et Société, nos 160-161, p. 111-127.
Melanson Breau, Natalie et Isabelle Violette (2022), « Le slogan Right fiers : de polémique linguistique à formule discursive », Circula, no 15, p. 5-30.
Paveau, Marie-Anne (2017), L’analyse du discours numérique. Dictionnaire des formes et des pratiques, Paris, Hermann.
Sahlins, Marshall (2002), Waiting for Foucault, Still/Chicago, Prickly Paradigm Press.
Violette, Isabelle (2016-17), « Des immigrants pour la cause linguistique : la logique nationaliste du discours de presse sur l’immigration francophone en Acadie » Francophonies d’Amérique, nos 42-43, p. 141-162.

Beitrag von: Franz Meier

Redaktion: Robert Hesselbach