Stadt: Passau

Frist: 2026-02-01

Beginn: 2026-07-17

Ende: 2026-07-18

Depuis quelques années, la littérature du réel est en plein essor. Dans le domaine de l’écriture de soi notamment, de nouvelles formes apparaissent sans cesse, parmi lesquelles l’autothéorie et l’autosociobiographie sont sans doute les plus importantes d’un point de vue transnational. De manière générale, on constate que l’autothéorie et l’autosociobiographie sont souvent difficiles à distinguer l’une de l’autre et se recoupent parfois. Dans les deux cas, il s’agit de formes hybrides d’écriture biographique qui oscillent entre représentation essayistique et non fictionnelle et représentation littéraire. L’individu est toujours considéré comme faisant partie d’un contexte socioculturel défini, ce qui se traduit souvent par un style clairement engagé (Hertrampf ; Savard).
Alors que la conception théorique de l’autothéorie a émergé grâce aux études de Young et de Fournier aux États-Unis et s’intéresse principalement aux déclarations féministes d’autrices latino-américaines, le terme « autosociobiographie » a été forgé par l’autrice française Annie Ernaux, lauréate du prix Goncourt, pour désigner ses œuvres, puis discuté dans le contexte des débats menés en France sur les transclasses et les transfuges sociaux (Jaquet/Bras ; Jaquet). Il est intéressant de noter que ce terme est surtout étudié dans la recherche littéraire allemande comme une forme importante de littérature transnationale contemporaine (Bundschuh-van Duikeren/Jacquier/Löffelbein ; Blome/Lammers/Seidel).
Ces deux formes d’écriture de soi sont toutefois transfrontalières et transnationales. Au Québec, cela est illustré par le colloque « Pratiques et usages de l’autothéorie au Québec » organisé en 2024 par Nicholas Dawson, Michaël Trahan et Karianne Trudeau Beaunoyer. Notre colloque s’inscrit dans la continuité de cette démarche, mais souhaite délibérément élargir son champ d’étude à plusieurs égards. Premièrement, les productions d’autothéorie et d’autosociobiographie provenant de tout le Canada, indépendamment des frontières linguistiques, seront examinées (le cas échéant de manière comparatiste). Deuxièmement, les œuvres autothéoriques et autosociobiographiques seront examinées au-delà des frontières médiatiques, c’est-à-dire que les bandes dessinées et les films, par exemple, seront étudiés au même titre que les textes littéraires. Troisièmement, nous ne considérerons pas l’autothéorie et l’autosociobiographie comme des formes d’expression de soi spécifiques à un genre et ne les comprendrons donc pas exclusivement comme des modes d’expression féministes en soi.
L’accent mis sur le Canada nous semble particulièrement intéressant d’un point de vue comparatiste, car les conditions sociales (par exemple l’accès à l’éducation et le statut des femmes) ont évolué différemment dans les provinces protestantes anglophones et dans le Québec catholique francophone. Ainsi, il sera intéressant d’observer comment la production des artistes issus des populations autochtones ou immigrées marque de son empreinte l’ensemble du territoire canadien. Au Québec, par exemple, on pourra analyser le rôle joué par l’écriture de la mobilité sociale chez les autrices féministes de la génération du baby-boom (Denise Bombardier, Lise Payette, France Théoret, etc.), tandis que la jeune génération offre un champ d’étude plus diversifié, comme l’illustrent les travaux et les productions de Jean-Philippe Pleau ou de Nicholas Dawson.
C’est donc dans un esprit de croisement des perspectives entre études francophones et études anglophones et dans une volonté d’approche intermédiale des questions d’autothéorie et d’autosociobiographie que ce colloque, qui aura lieu à l’Université de Passau du 17 au 18 juillet 2026, s’inscrit.

Les propositions, d’au plus 300 mots, devront être accompagnées d’une courte notice biobibliographique. Elles doivent être transmises par courriel avant le 1er février 2026 aux adresses suivantes : marina.hertrampf@uni-passau.de et franck.miroux@univ-pau.fr

Comité scientifique

  • Françoise Besson (PR émérite littératures anglophones du Commonwealth, Université Toulouse Jean Jaurès, France)
  • Corinne Bigot (MCF littératures anglophones du Commonwealth, Université Toulouse Jean Jaurès, France)
  • Cécile Brochard (MCF littératures comparées, Université de Nantes, France)
  • Caroline Fischer (PR littératures comparées, Université de Pau et des Pays de l’Adour, France)
  • Marina Ortrud Hertrampf (PR littératures francophones, Université de Passau, Allemagne)
  • Franck Miroux (MCF littératures autochtones d’Amérique du Nord, Université de Pau et des Pays de l’Adour, France)
  • Diana Mistreanu (Docteure littératures francophones, Université de Passau, Allemagne)
  • Marie-Lise Paoli (MCF littératures anglophones du Commonwealth, Université Bordeaux Montaigne, France)
  • Michaël Trahan (PR littératures francophones, Université Laval, Canada)

Bibliographie sélective :
Allam, Malik, Journaux intimes : une sociologie de l’écriture personnelle, Paris, Montréal, L’Harmattan, 2000.
Arribert-Narce, Fabien, « Annie Ernaux et la photo-socio-biographie. Vers une écriture du dehors », dans Photobiographies : pour une écriture de notation de la vie : Roland Barthes, Denis Roche, Annie Ernaux, Paris, Honoré Champion éditeur, 2014, p. 235-306.
Blome, Eva/Lammers, Philipp/Seidel, Sarah (éd.), Autosoziobiographie. Poetik und Politik, Stuttgart, Metzler, 2022, https://doi.org/10.1007/978-3-662-64367-9.
Brostoff, Alex/Cooppan, Vilashin, Autotheories. London/Cambridge (MA), The MIT Press, 2025.
Brostoff, Alex/Fournier Lauren (dir.), « Autotheory », in : ASAP/Journal 6.3 (2021).
Bundschuh-van Duikeren, Johanna/Jacquier, Marie/Löffelbein, Peter (éd.), Autosociobiography. A Literary Phenomenon and Its Global Entanglements, Bielefeld, transcript, 2025.
Dubar, Claude, Les biographies en sociologie, Paris, Découverte, 2017.
Ernaux, Annie, Écrire la vie, Paris, Gallimard, 2011.
Fournier, Lauren, Autotheory as Feminist Practice in Art, Writing, and Criticism, Cambridge (MA), MIT Press, 2022.
Hertrampf, Marina Ortrud M., « Autosociobiographies post-migrantes au féminin ou une nouvelle littérature d’implication autothéorique », dans : Mecke, Jochen/Schneider, Melanie (éd.), Métamorphoses du réel dans la littérature francophone contemporaine, Berlin et al., Lang, en préparation.
Jablonka, Ivan, Le troisième continent, Paris, Seuil, 2024.
Jaquet, Chantal, Les Transclasses ou la non-reproduction, Paris, PUF, 2014.
Jaquet, Chantal/Bras, Gérard (éd.), La fabrique des transclasses, Paris, PUF, 2018.
Lammers, Philipp et Marcus Twellmann, « L’autosociobiographie, une forme itinérante », COnTEXTES [En ligne], Varia, mis en ligne le 16 décembre 2021, consulté le 10 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/contextes/10515 ; DOI : https://doi.org/10.4000/contextes.10515
Peneff, Jean, La méthode biographique : de l’école de Chicago à l’histoire orale, Paris, Armand Colin, 1990.
Savard, Mathilde, « L’autothéorie comme forme d’engagement de la littérature contemporaine », dans : Revue critique de fixxion française contemporaine 27, 2023, https://doi.org/10.4000/fixxion.13271.
Young, Stacey, Changing the Wor(l)d : Discourse, Politics, and the Feminist Movement, London, Psychology Press, 1997.

Beitrag von: Marina Ortrud Hertrampf

Redaktion: Robert Hesselbach