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Appel à contributions Lidil 74 (2026): Nouvelles approches et méthodes en linguistique contrastive

Numéro coordonné par:
Iva NOVAKOVA (Univ. Grenoble Alpes, LIDILEM, F-38000 Grenoble, France),
Merete BIRKELUND (Université d’Aarhus, Danemark)

La linguistique contrastive se donne pour objectif de comparer de manière systématique, rigoureuse et précise des faits linguistiques, issus de deux langues ou plus, afin d’établir les similitudes et les différences dans leur fonctionnement. L’approche contrastive donne le recul nécessaire (Cresseils, 1995) pour appréhender correctement le fonctionnement du système de langue comparées. Comme l’indique à juste titre W. Croft (2003, p. 9), “[t]he generalizations revealed by examining more than one language at a time are the only ones which can be said to hold of languages in general”.
Traditionnellement, dans les années 1950, la linguistique contrastive a été longtemps considérée comme une branche appliquée de la linguistique du fait de son lien avec la traduction, l’enseignement et l’apprentissage des langues (Weinreich, 1953 ; Lado 1957). Cette vision a pourtant changé grâce au développement de nouvelles théories comme, par exemple, les théories fonctionnalistes (Givòn 1995), cognitives (Langacker 1995) ou cognitives fondées sur l’usage (Tomasello 2003) qui ont contribué aux recherches fondamentales en sciences du langage en général et, plus particulièrement, en linguistique contrastive. Cependant, contrairement à la typologie qui se consacre à la description linguistique d’un vaste échantillon de langues, « [i]l semble difficile d’étendre l’analyse (contrastive) au-delà de trois langues envisagées simultanément […] parce que l’analyse devient très lourde si l’on souhaite examiner plusieurs combinaisons » (Celle, 2006, p. 3). Qui plus est, les études contrastives permettent d’explorer dans le détail des phénomènes linguistiques, ce qui n’est pas possible dans le cadre d’une étude typologique à grande échelle (Sörés, 2008 :VII). L’approche contrastive fournit, quant à elle, un filtre d’éclairage efficace des faits de langue étudiés (Novakova, 2015, p. 8).
Par ailleurs, à partir des années 1990, l’émergence de la linguistique de corpus et des corpus numériques multilingues a été reconnue comme étant la principale raison du ‘revival’ de la linguistique contrastive (Johansson, 2007 ; Xiao, 2010). Or, si plusieurs travaux existants (Celle et coll., 2000, Feuillet 2006, Sörès 2008 entre autres) se sont penchés sur les aspects plutôt théoriques et méthodologiques en linguistique contrastive, ils n’abordent pas ou peu la question de la place des données attestées sur corpus dans la comparaison des langues. Plus récemment, le Colloque international Linguistique contrastive : bilan et perspectives (2022, U. Paris Créteil; cf. Linguistique contrastive : bilan et perspectives en 2022 – Colloque en l’honneur de Jacqueline Guillemin-Flescher, juin 2022, Université Paris-Est Créteil. https://crea.parisnanterre.fr/colloques-et-journeesdetude/linguistique-contrastive-bilan-et-perspectives-en-2022-colloque-en-lhonneur-de-jacqueline-guilleminflescher) a inclus, dans ses questions de recherche, la thématique de l’utilisation des corpus numériques pour comparer des langues.
Ce numéro de la revue Lidil (https://journals.openedition.org/lidil) se propose de réunir des travaux portant sur de nouvelles approches et méthodes en linguistique contrastive, fondées sur l’analyse de données issues de corpus comparables et/ou parallèles de genres différents (littéraires, journalistiques, débats politiques, etc). Les faits de langue comparés pourront être étudiés sous différents angles (lexical, sémantique, syntaxique, discursif) dans une perspective onomasiologique (du sens vers les formes) et/ ou sémasiologique (des formes vers le sens).
Comme l’indique Lazard (2006, p. 137), « [l]e point de départ est le choix d’un certain contenu sémantique qui assure l’ancrage indispensable à la confrontation des langues. Puis vient l’identification des formes qui l’expriment dans les langues de l’échantillon […] ». Les contributions pourront également aborder la problématique de la place et de l’impact de l’utilisation des technologies numériques (ChatGPT, Microsoft Copilot, Google Gemini, etc.) pour la comparaison des langues ou en traductologie.
Par ailleurs, les recherches en linguistique contrastive se tournent de plus en plus vers l’étude des rapports entre langue, discours et cultures. Dans son ouvrage de 2021, P. von Münchow propose ainsi une approche qu’elle nomme Approche Discursive Contrastive (ADC) qui « se préoccupe de mettre au jour les représentations sociales qui circulent dans une communauté discursive sur les objets sociaux […], ainsi que les discours à tenir sur ces objets » (eadem, p. 20). Comme l’indique l’auteure, la recherche contrastive sur les cultures discursives est relativement rare en France (eadem, p. 19). Les contributions attendues pour ce numéro de la revue Lidil pourront donc également aborder la comparaison des langues à travers l’analyse discursive des données intégrant la dimension interculturelle et communicationnelle (par ex. le décodage de l’implicite dans les différentes pratiques culturelles ou discursives, susceptible de générer des malentendus et dont les marqueurs linguistiques (idiomatiques ou autres) sont souvent culturellement marqués et difficilement traduisibles). Ainsi, des études contrastives portant sur des phénomènes à fort impact socioculturel ou environnemental s’appuyant sur des corpus de discours publicitaire, journalistique, politique, écologique (p. ex. sur le changement climatique) ou autres pourront enrichir le panorama des nouvelles approches qui contribueront à faire évoluer le domaine de la linguistique contrastive.

Informations pratiques
Toutes les soumissions feront l’objet d’une évaluation en double aveugle par un comité scientifique international composé de spécialistes de différents domaines. Les soumissions pourront être acceptées, acceptées sous réserve de modification ou rejetées, telles quelles.
• Les résumés ne doivent pas dépasser 10 000 signes (espaces compris) ou 3 pages (bibliographie comprise) ;
• Les articles complets doivent avoir une taille comprise entre 30 000 de 40 000 caractères espaces compris ;
• Ils peuvent être rédigés en français ou en anglais ;
• Ils présenteront une bibliographie homogène et à jour ;
• Ils comporteront un résumé et 5 mots-clés en français et en anglais ;
• La feuille de style et les consignes aux auteurs sont disponibles à l’adresse suivante : https://journals.openedition.org/lidil/3303

Adresses mail pour l’envoi des résumés : Les propositions doivent être envoyées simultanément aux 2 adresses suivantes : iva.novakova@univ-grenoble-alpes.fr, rommbi@cc.au.dk

Calendrier :
Envoi des résumés de contribution : 30 septembre 2025
Réponse aux soumissions : 1er novembre 2025
Envoi des articles : 28 février 2026
Retour aux auteurs des évaluations: 15 mai 2026
Envoi des articles définitifs (après corrections éventuelles) : 30 juin 2026 Parution du numéro : novembre 2026

Lidil 74_2026 – Call for Papers

New approaches and methodologies in contrastive linguistics

Issue coordinators:
Iva NOVAKOVA (Univ. Grenoble Alpes, LIDILEM, F-38000 Grenoble, France)
Merete BIRKELUND (Aarhus University, Danemark)

Contrastive linguistics aims to systematically, rigorously, and precisely compare linguistic phenomena from two or more languages in order to identify similarities and differences in their structure and functioning. The contrastive approach offers a necessary analytical distance (Cresseils, 1995), enabling a deeper understanding of the systems of the languages under comparison. As W. Croft (2003, p. 9) states, “[t]he generalizations revealed by examining more than one language at a time are the only ones which can be said to hold of languages in general.”
Traditionally, during the 1950s, contrastive linguistics was widely considered a subfield of applied linguistics, primarily due to its connections with translation, language teaching, and language acquisition (Weinreich, 1953; Lado, 1957). However, this perception has evolved significantly thanks to the development of new theoretical frameworks, such as functionalist theories (Givón, 1995), cognitive approaches (Langacker, 1995), and usage-based cognitive theories (Tomasello, 2003), all of which have enriched core linguistic research in general and, contrastive studies in particular. However, unlike typology, which is especially concerned with the description of features across a wide sample of languages, contrastive analysis is generally limited to a smaller number of languages and as Celle (2006, p. 3) points out, “ [i]l semble difficile détendre l’analyse (contrastive) au-delà de trois langues envisagées simultanément […] parce que l’analyse devient très lourde si l’on souhaite examiner plusieurs combinaisons.” (‘[i]t seems difficult to extend (contrastive) analysis beyond three languages simultaneously […] because the analysis becomes very complex, if multiple combinations are to be examined’). Moreover, contrastive studies allow for detailed exploration of specific linguistic phenomena, which is often not possible in large-scale typological work (Sörés, 2008, VII). A contrastive approach thus provides an effective analytical filter for examining language-specific patterns (Novakova, 2015, p. 8).
Furthermore, since the 1990s, the emergence of corpus linguistics and multilingual digital corpora has been recognized as a key driver behind the ‘revival’ of the interest in contrastive linguistics (Johansson, 2007; Xiao, 2010). While several existing works (e.g. Celle et al., 2000; Feuillet, 2006; Sörés, 2008) have addressed theoretical and methodological dimensions of contrastive linguistics, they often overlook the role of attested corpus data in cross-linguistic comparison. More recently, the international conference Linguistique contrastive: bilan et perspectives (2022, University of Paris-Créteil; cfr. Linguistique contrastive : bilan et perspectives en 2022 – Colloque en l’honneur de Jacqueline Guillemin-Flescher, juin 2022, Université Paris-Est Créteil. https://crea.parisnanterre.fr/colloques-et-journeesdetude/linguistique-contrastive-bilan-et-perspectives-en-2022-colloque-en-lhonneur-de-jacqueline-guilleminflescher) addressed this issue, emphasizing the importance of digital corpora for language comparison.
This special issue of the journal Lidil (https://journals.openedition.org/lidil) invites contributions on new approaches and methodologies in contrastive linguistics, particularly those based on the analysis of comparable and/or parallel corpora of various genres (e.g. literary texts, journalism, political discourse, etc.). The linguistic phenomena being compared may be studied from different perspectives (lexical, semantic, syntactic, or discursive), adopting onomasiological (from meaning to form) and/or semasiological (from form to meaning) perspectives. As Lazard (2006, p. 137) explains “[l]e point de départ est le choix d’un certain contenu sémantique qui assure l’ancrage indispensable à la confrontation des langues. Puis vient l’identification des formes qui l’expriment dans les langues de l’échantillon […]”. (‘The starting point is the selection of a specific semantic content that anchors the cross-linguistic comparison. From there, one identifies the forms through which this content is expressed in the languages in question’). Contributions may also consider the implications of using digital technologies, such as ChatGPT, Microsoft Copilot, Google Gemini or others in the domain of language comparison or in translation studies.
Additionally, current trends in contrastive linguistics increasingly turn toward the study of the relationships between language, discourse, and culture. In her 2021 monograph, P. von Münchow introduces what she calls the Contrastive Discursive Approach (CDA), which “se préoccupe de mettre au jour les représentations sociales qui circulent dans une communauté discursive sur les objets sociaux […] ainsi que les discours à tenir sur ces objets”(p. 20) (‘aims to uncover the social representations circulating within a discursive community about social objects […], as well as the discourses generated around those objects’). As the author points out, contrastive research on discursive cultures remains relatively rare in France (ibid. p. 19). Therefore, contributions to this issue of Lidil may also explore intercultural and communicative dimensions of contrastive linguistics, e.g. through discourse analysis of culturally marked implicit meanings, idiomatic expressions, and other context-bound markers that are often resistant to translation. Thus, contrastive studies focusing on phenomena with significant sociocultural or environmental impact, drawing on corpora from advertising, journalism, political or ecological discourse (e.g. on climate change), etc. are particularly encouraged. These contributions will help expand and innovate the landscape of contrastive linguistics.

Submission Guidelines
All submissions will be subject to double-blind peer review by an international scientific committee composed of specialists from various fields. Submissions may be accepted, accepted with revisions, or rejected.
• Submitted abstracts should not exceed 10,000 characters (including spaces) or 3 pages (including references).
• Full articles should range between 30,000 and 40,000 characters (including spaces).
• Articles may be written in French or English.
• Articles must include a consistent and up-to-date bibliography.
• Each article must include an abstract and five keywords in both French and English.
• The style sheet and instructions for authors are available at: https://journals.openedition.org/lidil/3303

Email addresses for submission
Abstracts and articles should be sent to both of the following adresses:
iva.novakova@univ-grenoble-alpes.fr rommbi@cc.au.dk

Timeline
Deadline for submission of article proposal: 30 September 2025
Feedback on article proposals: 1st November 2025
Deadline for submission of articles for selected proposals: 28 February 2026
(note: acceptance of a proposal does not guarantee acceptance of the article)
Feedback on article evaluations: 15 May 2026
Submission of final versions of articles: 30 June 2026
Publication of the issue: November 2026

Références / Bibliography
CELLE, Agnès, CHUQUET, Hélène, GUILLEMIN-FLESCHER, Jacqueline, PONCHARAL, Bruno & GOURNAY, Lucie. (2000). Linguistique contrastive et traduction. Ophrys.
CELLE, Agnès. (2006). Temps et modalité. L’anglais, le français et l’allemand en contraste. Berne. Peter Lang.
CREISSELS, Denis. (1995). Éléments de syntaxe générale. Paris, Presses universitaires de France.
CROFT, William. (2003). Typology and Universals, (2nd ed.). Cambridge, Cambridge University Press.
FEUILLET, Jack. (2006). Introduction à la typologie linguistique. Paris, Honoré Champion.
GIVÓN, Talmy. (1995). Functionalism and grammar. Amsterdam/Philadelphia. John Benjamins Publishing Company.
JOHANSSON, Stig. (2007). Seeing through multilingual corpora : on the use of corpora in contrastive studies. Amsterdam, Philadelphia, John Benjamins.
KRAIF, Olivier. (2016). Le Lexicoscope : un outil d’extraction des séquences phraséologiques basé sur des corpus arborés. Cahiers de lexicologie, 108, p. 91-106.
LADO, Robert. (1957). Linguistics across Cultures : Applied Linguistics for Language Teachers. Ann Arbor, University of Michigan Press.
LANGACKER, Ronald W. (1995). Structural syntax: the view from cognitive grammar, in Françoise, MADRAY-LESIGNE & Jeannine, RICHARD ZAPPELLE (dir), Lucien Tesnière aujourd’hui. Louvain, Peeters, p. 13-39.
LAZARD, Gilbert.(2006). La quête des invariants interlangues. La linguistique est-elle une science ? Paris, Honoré Champion.
NOVAKOVA, Iva. (2015). Syntaxe et sémantique des prédicats. Approche contrastive et fonctionnelle. Saarbrücken, Éditions universitaires européennes.
VON MÜNCHOW, Patricia. (2021). L’analyse du discours contrastive. Théorie, méthodologie, pratique. Limoges, Éditions Lambert-Lucas.
SÖRES, Anna. (2008). Typologie et linguistique contrastive. Théories et applications dans la comparaison des langues 9(1). Berne, Peter Lang.
TOMASELLO, Michael. (2003). Constructing a language: a usage-based theory of language acquisition. Cambridge Massachusetts, London, Harvard University Press.
WEINREICH, Uriel. (1953). Languages in contact: findings and problems. New York, Linguistic Circle of New York.
XIAO, Richard. (2010). Using corpora in contrastive and translation studies. Cambridge, Cambridge Scholars Publishing.

Beitrag von: Ludwig Fesenmeier

Redaktion: Robert Hesselbach